Si vous croyez que Patrick Goater est un illuminé ayant puisé son inspiration au beau milieu de la forêt indienne le long du fleuve Narmada au Madhia Pradesh, où il a passé des pans de vie avec un maître spirituel, n’allez pas à sa rencontre.

Si vous êtes persuadé que la phytothérapie en agriculture relève de l’inspiration néo-hippie et ne peut rivaliser avec les molécules chimiques, alors vous ne méritez pas d’entrer dans le monde scientifique des traitements naturels concoctés par le quasi-druide de Quemper-Guézennec.

Au chaud devant son poêle à bois, dans la maisonnette orientée au sud où il s’est installé il y a vingt-cinq ans, au bout du bout d’un chemin en rase campagne des Côtes-d’Armor, mais à une encablure de Paimpol et de ses plages sauvages, on boit une tisane de plantes fraîches. L’ancien biologiste, qui a arrêté ses études parce qu’il réfutait le formatage scientifique et refusait la vivisection, vous convainc que les plantes sèches ne contiennent plus de photon et ne transportent ni information ni énergie. Chaque gorgée semble vivante. L’écologiste qui a suivi l’enseignement d’Éric Petiot, le maître de la phytothérapie pour les plantes en France, a approfondi son savoir par empirisme. Il continue ses recherches techniques alliées à la connaissance pointue des sols et des plantes et a déjà convaincu 700 agriculteurs, depuis cinq ans, de suivre ses formations. Dans cet Hexagone, où les tomates bio poussent en serre chauffée, il se passe néanmoins quelque chose. Les chambres de l’agriculture et les Civam font appel au petit- fils de paysan de Saint-Brieuc qui chante son incompréhension pour cette agriculture industrielle mortifère, les lobbys qui dirigent la France et les chimistes qui l’empoisonnent : « On est en guerre ! L’agriculture est en guerre à force de véhiculer l’idée selon laquelle on ne pourrait pas nourrir la terre sans chimie de synthèse. Certains paysans ont cessé de réfléchir!»

UNE FORMATION DOCUMENTÉE

Rien ne le passionne plus que d’enseigner auprès des hommes et des femmes qui cultivent la terre et se posent des questions. Pas seulement ceux qui sont déjà en biologique, mais aussi les céréaliers, les arboriculteurs, les viticulteurs ou les maraîchers qui sont en conventionnel. « Je ne leur parle pas de pollution, cela les brusque, j’essaye simplement de leur faire valoir les vertus de la phytothérapie et les résultats sur les sols et les productions. On leur prouve que la chimie tue le sol et favorise au contraire l’invasion des ravageurs et des maladies. Ils sont aussi rassurés, car on travaille avec des instruments de mesure très sophistiqués qui affichent plu- sieurs paramètres indispensables pour traiter naturellement. On apprécie notamment la conductivité, qui jauge la richesse en micro-organismes et minéraux, l’émission photonique, le paramagnétisme, dont dépend la présence des micro-organismes, et le taux de sucre. Le pH, lui, indique si les terres sont acides ou alcalines. Une terre équilibrée est entre 6 et 7,5 de pH. Le potentiel rédox exprime en millivolts le degré auquel une substance peut oxyder. S’il est trop haut, par exemple, il attire les agents pathogènes, maladies et ravageurs, car ils s’y sentent confortables. L’onde magnétique du pH et l’électricité du rédox se propagent loin et leur donnent des informations. » Ainsi, tous les produits chimiques génèrent de l’alcalin oxydé posant plantes et sols dans leur domaine de maladie. Patrick Goater revendique ainsi une agriculture scientifique ! Les agriculteurs finissent par changer leur mode de pensée et adoptent notamment l’ortie…

La plante de la famille des urticacées a beau avoir mauvaise presse, elle rend de fabuleux services et constitue la clé de voûte de la phytothérapie agricole. Sous forme d’extrait fermenté, elle renforce la croissance foliaire, active la photosynthèse, développe le système racinaire, stimule les défenses immunitaires, apporte des micro-organismes, des vitamines, des oligoéléments, des minéraux, de l’azote et des acides aminés facilement assimilés par les plantes. Malgré ses piquants, l’extrait fermenté d’ortie attire de nombreux auxiliaires et contribue à définir un biotope. Ainsi, à terme, même le biocontrôle devient inutile. Couplée avec l’extrait fermenté de consoude, l’ortie assure la floraison et la fructification. Sans ortie, la nature serait moins multiple.

« Chaque semaine, je consacre dix heures à la formation gratuite par téléphone. Le don et le service désintéressé m’animent », clame Patrick Goater. Militantisme et générosité ne l’empêchent pas de trimer fort et de vendre de plus en plus de décoctions, tisanes, macéra- tions, micro-organismes efficaces (EM), et d’extraits fermentés de prêle, fougère, ail, consoude et évidemment d’ortie. Seul avec deux salariés qui viennent à la haute saison, ses apprentis et wwoofers, il concocte 100000 litres à la main dans son jardin avec un soin méticuleux !

TRAITEMENT DE CHOC

L’homme porte un chapeau feutre pour se protéger de la pluie et du soleil, car il passe une partie de sa vie à récolter des plantes sauvages, dont 2,5 tonnes d’orties, par an. En sacs de 40 kilos, cela représente des heures la main armée d’une serpe ! Penché sur des bosquets entiers, il commente : « Je coupe 50 kilos à l’heure quand l’ortie est assez haute mais surtout pas en fleur. À la serpe, on trie mieux et on n’arrache rien. La qualité démarre dès ce moment-là. Ensuite il faut aller vite afin de garder les ressources vitales de la plante.» L’eau de pluie stockée et protégée des bactéries pathogènes, grâce à un apport en argent pur, va être dynamisée. Dans un ancien tank à lait, Patrick fait tourbillonner l’eau dans un sens à l’aide d’une rame, la mer est proche, puis contrarie le mouvement et lui fait prendre un sens contraire. Ces vortex vident l’eau de sa mémoire, et Patrick va pouvoir lui ajouter les informations qu’il souhaite. Les orties sont alors baignées, puis foulées, avant de recevoir un baptême d’eaux informées prélevées dans le Gange, à Titicaca, à Brocéliande ou à la source du temple de Lanleff… Un couvercle flottant sur la surface de l’eau crée l’anaérobie. Chaque jour, Patrick visite ses extraits fermentés en devenir pour vérifier pH, conductivité et rédox a fin de choisir le jour propice à l’embouteillage. Il ajoute alors en guise de conservateur quelques gouttes d’huile essentielle de romarin dans les bidons. Le liquide bourré des vertus d’Urtica quitte alors son berceau breton pour semer ses pouvoirs partout en France, sur des terrains prêts à la régénération.